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En août 1967, dans un hommage posthume dédié à Paul Mak et paru en russe dans le journal pari-
              sien La Pensée Russe, Piotr Annenkov s’exprima avec un lyrisme émouvant:
              “Paul Mak est décédé à Bruxelles le 22 juin dernier [...] l’émigration russe perd non seulement un
              artiste éminent et unique en son genre, mais aussi un patriote ardent et un héros, puisqu’il était
              invalide de la guerre 1914-1917. Son nom, en tant qu’artiste et en tant qu’homme, va certainement
              prendre place dans “Le livre d’or de l’émigration russe” et ne sera pas oublié par la Russie libre de
              demain […]”


              En août 1968, Wladimir, le fils aîné de Mak, organisa une exposition rétrospective à Londres. Dans
              la notice éditée par la galerie on pouvait lire: “La dernière exposition des œuvres de Mak à Londres
              remonte à plus de trente ans. Après avoir joui d’une renommée internationale à la fin des années
              20 et au début des années 30, à la fois comme miniaturiste de style persan et comme portraitiste de
              cour et de la haute société, Mak est injustement tombé dans l’oubli. Le nouveau regard porté sur
              l’œuvre d’Aubrey Beardsley et de ses disciples explique peut-être le regain d’intérêt pour Mak. Il ne
              fait aucun doute qu’il existe un nouvel attrait pour ce genre particulier en peinture. Pavel Petrovitch







































                                                                                       Miniature 1938

              Mak était un émigré russe. Sa vie fut plus passionnante que celle de beaucoup de ses compatriotes
              qui se consolèrent en ressassant dans des livres le drame de leur exil…”

              Et depuis, que s’est-il passé ? Rien. Mak est réellement tombé dans l’oubli, ou presque ! Et ce mal-
              gré que, depuis 1975, des œuvres et non des moindres sont apparues chez Christie’s et Sotheby’s à
              Londres et à New York, et, depuis 1984, dans des salles de vente à Bruxelles et à Anvers. Plus récem-
              ment, des enchères ont eu lieu à Paris, Marseille, Amsterdam, Maastricht et ailleurs. Il est arrivé
              que des amateurs mettent le prix fort pour acquérir certaines miniatures. Cela est d’autant plus
              remarquable que la notoriété de l’artiste est encore confidentielle. Dans les catalogues des salles de
              vente et dans les annuaires de cotes édités en France, en Angleterre et en Belgique, il existe peu de
              renseignements et ceux qui s’y trouvent sont si peu concordants qu’ils semblent ne pas concerner le
              même artiste: ainsi, le nom varie entre Mack, Mak ou Ivanov-Mak, et le prénom, entre Paul, Pavel
              Petrovitch, Paul Pavel, Pierre Petrovitch et même Serge... ; en l’absence de tout document stipu-
              lant les dates de naissance et de décès, il est parfois indiqué “XXe siècle”. Conséquence prévisible:
              l’apparition sporadique de faux. Aucune publication concernant la peinture contemporaine ne men-
              tionne l’artiste Mak, et je n’envisage que les publications dans lesquelles, par le thème abordé ou
              la technique utilisée, à savoir la miniature persane, l’art orientaliste, le portrait ou la caricature, il
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